Compte-rendu de la rencontre du jeudi 27 mars 2003
Voici quelques éléments concernant l’utilisation de Linux à la MJC et pour l’EPN :
– La première initiative de la structure visant à sensibiliser à l’usage d’internet date de 1997 et s’est faite sous la forme d’opérations ponctuelles (fête de l’internet) à destination des scolaires et du grand public (conférence, débats, initiations, stages...). Techniquement nous louions des machines windows et un serveur avec connexion RNIS.
– Suite au succès de cette opération nous avons décidé la mise en place d’un cybercafé associatif baptisé "Le Cyberbistrot" qui comptait deux machines, en réseau, sous windows avec une liaison Numéris en avril 1998. L’accès était payant, comptabilisé au temps (partenariat avec la société Mediatech). Nous avons développé les actions de formation (stages), de sensibilisation (écoles primaires, collège). Le système s’avérait peu pratique à gérer, grand consommateur de ressources humaines.
– Durant l’été 1999, sous l’impulsion de bénévoles de l’association, nous avons réfléchi à la refonte de notre système informatique global avec pour objectif d’offrir à tous les adhérents qui le souhaiteraient, un outil informatique complet. Nous n’avons pas dissocié la réflexion entre les besoins d’un adhérent et ceux d’un membre du personnel, il s’agissait de disposer d’un environnement personnalisé : espace disque personnel, e-mail, accès au web/news, suite bureautique, ensemble de logiciels de base (image, compression etc...). Les contraintes étaient : d’être le plus près possible de la zéro administration, une gestion fine des droits d’accès et la possibilité de retrouver l’intégralité des données de l’utilisateur quelque soit la machine sur laquelle il se connectait. Nousa vons donc opté pour un système basé sur un serveur Linux Redhat 6.0 et 7 postes clients sous windows 95 avec une connection RNIS. Le serveur utilisait Samba ce qui pour les postes clients le faisait voir comme une serveur Windows NT. Un script lors de la connexion de chaque utilisateur permettait d’installer ou de ré-installer l’ensemble des logiciels nécessaires. Chaque utilisateur diposait d’un répertoire personnel et avait accès à un répertoire commun. Les logiciels à disposition étaient : Netscape, Star Office, Irfanview (visualisation d’images), En zip (archivage), First Page (création site web), Eudora (client mail), Sonique (lecteur mp3). Le système a prouvé sa stabilité puisqu’il a fonctionné sans souci majeur (à part une panne de disque dur sur le serveur !) et qu’il continue à être opérationnel à la date d’aujourd’hui (il a accueilli une centaine d’utilisateurs réguliers sur 2002). Les principaux défauts de ce système
– Son aspect un peu figé : il est peu simple de faire évoluer le "pack" logiciel initial et du fait de l’évolution des techniques liées au web, cela peut être handicapant pour l’accès à certains sites.
– Les faiblesses intrinsèques de windows : risque de virus, nécessité de réinstaller régulièrement les postes clients.
– Dans le cadre de l’appel à projet du CG 91 concernant les Espaces Publics Numériques lançé à l’été 2002, nous avons réfléchi à la possibilité de basculer l’ensemble du système sous Linux en renouvellant le parc matériel. Il faut noter qu’une partie de l’administration de la MJC est passée sous linux depuis février 2001. Le nouveau système opérationnel depuis le 31 janvier 2003 :
– Un serveur Red Hat 7.3 : partage de disque NFS, gestion des comptes utilisateurs par NIS.
– 7 postes clients Red Hat 7.3 avec les logiciels : Open Office (suite bureautique), The Gimp (retouche d’image), Mozilla (Navigateur web), Sylpheed (client mail), Xmms (lecteur mp3)... Interface : Gnome et Nautilus comme gestionnaire de fichier.
– Chaque utilisateur dispose d’un espace disque de 100 Mo, d’un accès par login/mot de passe valable sur toutes les machines et d’un e-mail s’il le désire.
Avant d’ouvrir l’EPN, nous avons effectué une phase de test avec les anciens adhérents du Cyberbistrot, phase qui s’est avérée concluante, infirmant nos craintes quant à la prise en main des
logiciels sous linux. Il est un peu tôt pour avoir beaucoup de recul sur l’utilisation de linux par les usagers de l’EPN. Pour l’administration, la stabilité du système n’est plus à prouver.
MJC Boby Lapointe - 8 rue des maraichers - 91140 Villebon sur Yvette - France - http://mjcvillebon.org
Je suis animateur Cyber Emploi auprès de demandeurs d’emploi mais aussi animateur multimédia dans le cadre de mon BEATEP NTIC (Brevet d’Etat d’Animateur Technicien de l’Education Populaire), j’ ai été amené à me sensibiliser aux logiciels libres.
Les jeunes fréquentant la MJC Mercoeur sont demandeurs d’utilisation des ordinateurs de la structure. Pour nombre d’entre eux, la MJC est l’unique endroit où ils peuvent avoir accès à un ordinateur et à une connexion internet. C’est dans cette logique d’éducation populaire qu’il m’a semblé opportun de leur proposer d’autres logiciels de traitement texte appartenant aux logiciels libres (StarOffice). Néanmoins je leur demande aussi d’être capable d’utiliser les logiciels habituels (Word).
Cette démarche me semble intéressante afin de leur montrer la diversité des outils à leur disposition mais surtout qu’ils soient capables d’avoir une alternative face aux logiciels propriétaires coûteux. Afin de trouver une solution à ce problème du fait que les structures associatives (ou les familles) n’ont pas toujours les moyens d’acquérir ces logiciels, il m’est apparu nécessaire de promouvoir cette d’alternative et non pas le piratage qui me placerait dans une situation illégalité.
Je constate également sur mon atelier de recherche d’emploi que de plus en plus d’entreprises utilisent et cherchent des personnes sachant maîtriser et former leurs personnels à Staroffice. Ce qui semblerait montrer que cette compétence des logiciels libres peut être un atout sur le marché du travail.
Deuxième partie, après la pause.
Lors de la préfiguration de l’espace.
Raison technique : Recherche de solutions techniques pour gérer 8 postes et 1 serveur. Essai avec GNU/Linux sur le serveur à partir d’aucune connaissance. Ca a fonctionné.
Les 8 postes ont fini par être en double-boot. GNU/Linux plus facile à mettre en réseau.
Raison éducative : diversité dans les solutions techniques : différents systèmes.
Côté serveur : tout GNU/Linux, développement d’EPNadmin pour gérer l’espace (http://epnadmin.pierrefitte93.fr).
Question : de quoi a-t-on besoin ? bureautique, internet, création multimédia, consultation de cédéroms, expérimentation. De nombreuses solutions existaient dans le logiciel libre.
Une principale mission de l’EPN : initiation des habitants qui n’y connaissent rien. Pas de passé, par encore d’habitude. Donc installation des logiciels courants sous MsWindows et GNU/Linux : OpenOffice.org (http://fr.openoffice.org/), Mozilla (http://frenchmozilla.sourceforge.net/), Gimp (http://gimp.org/).
Différents systèmes : GNU/Linux, différentes distributions, MsWindows diverses versions.
Les initiations se font sous GNU/Linux presque uniquement. Dans le cadre des accès individuels, les usagers ont le choix du système. Ils retrouvent de toute façon leurs fichiers qu’ils ouvrent indifféremment du système.
Difficulté : découverte pour les animateurs qui arrivent. Prend du temps pour s’approprier les LL.
Nous avons aussi des logiciels propriétaires pour des applications pointues (PAO, son, vidéo).
Sur les PC : une distribution GNU/Linux + un MsWindows. Il y a plusieurs environnements graphiques sous GNU/Linux. On utilise aussi une partie de la distribution faite par Mandrake pour les EPN de la ville de Paris qui permet la sauvegarde locale (Ghost) et des restaurations à très grande vitesse (6 minutes pour restaurer MsWindows). Toutes les données des usagers sont sur le serveur.
Petite comparaison de temps d’installation : GNU/Linux prend 20 minutes d’installation et 5 minutes de paramétrages. Pour MsWindows 50min à 1h15 (car pilotes et logiciels à installer en plus).
Le respect des standard nous a paru très important, qui est venu plus tard. Pas de problème de changement de versions. Pas tributaire d’un éditeur. Les usagers pourront toujours utiliser des fichiers anciens.
On propose aux usagers de leur donner un cédérom plein de logiciels libres (http://gnuwin.epfl.ch/) contre un cédérom vierge. (Un certain nombre de cédéroms a été distribué aux présents.) Sert pour celles et ceux qui s’équipent chez eux. Plus rarement des demandes de distributions GNU/Linux.
Les usagers ne sont pas réticents, parfois étonnés. Les habitudes changent. On explique la logique du logiciel. Pas d’appréhension.
Les débutants initiés à l’Arobase choisissent GNU/Linux au cours de leurs accès individuels et sont assez à l’aise. Les autres usagers utilisent dans leur très grande majorité MsWindows.
On ne leur présente pas spécialement le concept de logiciels libres, mais plutôt sur la possibilité de l’installer chez eux gratuitement, le respect des standards. La promotion des logiciels libres ne se fait que par leur utilisation. On ne va plus loin que si les usagers posent des questions.
Q : Quelle est la liberté des usagers ?
R : Dans les initiations, pas le choix du système (sauf exceptions).
Q : Et si un usager demande d’emploi demande à utiliser MsWord parce que c’est ce qu’il lui sera demandé par un futur employeur ?
R : Si quelqu’un vient en demandant de la formation à MsWord, on leur répond qu’on ne fait pas de formation, mais seulement de l’initiation et que ces initiations portent sur le traitement de texte et pas sur MsWord. Ce n’est pas la vocation principale de l’Arobase de faire de la formation professionnelle.
Les partenaires (associations, mission locale, services municipaux) qui utilisent la salle ont le choix du système. Certains passent sous GNU/Linux sans grande difficulté et finissent par l’adopter.
Passage de MsWindows à GNU/Linux - changement d’habitudes
Intervention dans la salle : les utilisateurs demandent un outil pour faire quelque chose (afficher une image, mettre en page, etc...) plutôt qu’un outil de telle ou telle marque. D’autre part, le changement d’habitudes du passage d’une version à une autre de MsWindows est souvent assez difficile, pas moins que le passage de MsWindows à un GNU/Linux sous KDE. Si l’outil répond à leurs besoins, ça leur suffit.
Sauf que, ce n’est pas tout à fait vrai. Les usagers râlent un peu lorsqu’on leur demande de s’identifier sous GNU/Linux au cours de initiations. Le nom de l’éditeur joue. Parallèle avec les habitudes des marques de voitures. Un consommateur qui change de modèle de voiture doit tout réapprendre, mais reste quand même fidèle à sa marque de prédilection, sans aller voir si d’autres marques font des modèles comparables. Peut-être que le rôle des EPN est justement de faire découvrir qu’il y a le choix.
Un utilisateur habitué à MsWindows est prêt à accepter des plantages ou inconvénients du système. Mais s’il utilise un autre système, il sera plus intolérant envers des petits blocages. C’est un frein important au passage vers du libre. L’utilisateur remarque les petits défauts (notamment d’ergonomie) mais pas tous les nouveaux services.
Illustration à l’Arobase : sous MsWindows 98, les plantages sont actuellement très réguliers (3 ou 4 fois par heure sur chaque poste) sans qu’on ait encore trouvé la solution. Pour autant, les usagers redémarrent sous MsWindows malgré les plantages.
Recyclage de matériels
La législation en cours ou à venir incite puis obligera au recyclage des matériels informatiques.
On arrive devant des difficultés légales : les licences Microsoft ne permettent pas le don. Il faut à chaque fois racheter des licences avec les dons. Ou alors, on met à disposition le matériel sans le donner officiellement.
Information venant de Microsoft : Microsoft-France duplique des versions de MsWindows 95 pour des associations ou écoles qui leur ont demandé. Mais il n’y a rien d’officiel car la décision devrait émaner de Microsoft Corporate qui n’en a pas la volonté.
Au Canada, en Amérique du sud, en Belgique, des programmes de recyclages, comme à Pierrefitte, ou dans un EPN en Bretagne.
Q : Comment commencer quand on n’y connaît rien ?
R : La documentation en ligne est abondante et à jour. Les listes de discussions sont nombreuses. L’autodidaxie a permis à de nombreuses personnes de découvrir notamment GNU/Linux.
Q : Est-il possible de faire tourner des applications faites pour MsWindows sous GNU/Linux ?
R : Le projet Wine (http://lea-linux.org/software/wine.php3) dont c’est l’objectif, n’est pas encore abouti. Tout ne fonctionne pas encore. La raison en est que les éditeurs ne fournissent pas les informations suffisantes, par de code ouvert. C’est aussi une des raisons pour laquelle les fichiers MsWord ne sont pas parfaitement identiques lorsqu’on les ouvre avec OpenOffice.org.
Des éditeurs de logiciels éducatifs ne diffusent leurs applications que sous système propriétaire alors que pour certaines d’entre-elles, les développement sont réalisés (aussi) sous système libre.
Quelques difficultés sous GNU/Linux.
Tous les matériels ne sont pas compatibles avec GNU/Linux. Les pilotes ne sont pas disponibles, souvent parce que les constructeurs ne donnent pas la description exacte de leur matériel.
Lorsqu’on a une configuration un peu particulière, ça devient compliqué (une carte d’acquisition vidéo spéciale, une carte son-midi un peu pointue, etc.).
L’installation des distributions n’est toujours pas parfaite. Après installation, il faut par exemple télécharger le module en français de tel ou tel outil, etc.
Q : A-t-on besoin de matériel spécifiques ? Dans EPN, ça se justifie. Mais le plus souvent non, c’est simplement une course commerciale à la performance hypothétique.
R : On ne peut pas « vendre » du libre en cassant des rêves et des mythes de gens.
Q : Est-ce que la charte des Espaces publics numériques impose quelque chose quant à l’utilisation des logiciels libres ? Car c’est bien du rôle des EPN de proposer l’alternative.
R : La charte ne fait pas figurer aucune solution technique.
R : Le B2I (primaire-collège - http://www.cndp.fr/DossiersIE/cd39/...), le C2I (supérieur), PIM (Passeport pour l’internet et le multimédia - http://accespublic.internet.gouv.fr...) sont les plus neutres possibles pour permettre l’utilisation de n’importe quel système. Cette préoccupation est particulère à la France. Ce n’est pas le cas dans d’autres pays.
Q : Le passage au logiciel libre demande des compétences et de la réflexion. Existe-t-il des structures d’aide et de soutien dans la région pour mutualiser les moyens des EPN ?
R : Du côté de l’État, anciennement l’ATICA (http://www.atica.pm.gouv.fr/), maintenant dans l’ADAE (http://www.internet.gouv.fr/) a la mission de réflexion, de préconisation notamment de d’utilisation de standards ouverts. La réflexion ne manque pas sur de nombreuses listes de discussions, de rencontres, etc... C’est un sujet en vogue.
R : Du côté de l’assistance, ce n’est pas encore aussi facile. Mais la mutualisation est un principe du développement du logiciel libre. L’expérience de Pierrefitte pour EPNadmin (http://epnadmin.pierrefitte93.fr) commence à susciter des contributions. Ca fonctionne par exemple pour le projet Abuledu (http://www.abuledu.org) grâce à la collaboration entre des praticiens utilisateurs (des enseignants) et des informaticiens. Les deux points de vue se complètent. Il peut se passer la même chose pour les EPN.
Q : La formation des animateurs est importante. Où peut-on aller pour se former ?
R : Les organismes de formation proposent des programmes sur les logiciels libres. Ces formations coûtent autant que les formation sur des logiciels propriétaires.
Des LUG (groupes d’utilisateurs de GNU/Linux - http://www.aful.org/aful/lugs.html) existent un peu partout. Faire appel à ces bénévoles.
Une fois initié, on peut s’autoformer. De nombreux ouvrages, sites, howto (les documentations « comment-faire »), listes de discussion permettent de s’y mettre. Cette documentation existe parce qu’elle est libre et que chacun peut y participer.
Dans les entreprises, les compétences en logiciels libres augmentent parce que les nouveaux ingénieurs (universités et écoles) sont formés sur des systèmes libres.
En guise de « conclusion » par Frédéric Couchet :
On se trouve devant un monopole envahissant. Pour en sortir, il faut des volontés.
Le rôle des EPN est important en ce moment. Il n’est pas nécessairement souhaitable d’imposer les logiciels libres, mais d’offrir la diversité.
En Colombie, un centre a été monté pour initier les plus pauvres à partir de logiciels libres. Est montré le modèle coopératif des logiciels libres pour changer de vision et impliquer notamment les jeunes dans des travaux collaboratifs.
Le logiciel libre rend possible l’exercice de leur créativité à de nombreuses personnes, sans aucune limite.
Après il y eu débat un peu hors-sujet sur les prix spéciaux de certains éditeurs pour les EPN.